L. Chadourne : vie personnelle
Après quelques amours de jeunesse, Louis Chadourne épouse Yvonne Daudy en août 1913. Ils s’installent bientôt dans un trois pièces sur le Lungarno Acciaioli à Florence où Louis mène une vie intellectuelle intense. L. Chadourne fait paraître des poèmes dans différentes revues. Il fréquente d’autres écrivains français tels que Valery Larbaud, Benjamin Crémieux, Jean-Richard Bloch.
Lorsque la guerre éclate, Louis rejoint le 6e bataillon de Chasseurs alpins à Nice. Il perd de vue ses amis français de Florence, eux aussi mobilisés. Nommé sergent au bataillon des Chasseurs, il est envoyé à Draguignan pour y suivre les cours du peloton des élèves officiers de la 15e légion, avant de rejoindre en 1915 son dépôt de Nice.
Le 14 mai, il part pour le front où le mois suivant, il est cité à l’Ordre du groupe des bataillons de Chasseurs de la 66e division pour « très belle conduite au cours de l’engagement du 2 juin 1915 ». Deux jours plus tard, il est blessé, enseveli plusieurs heures dans l’éboulement d’une tranchée à Metzeral en Alsace.
Evacué sur l’hôpital de Montpellier, il écrit à Benjamin Crémieux : « Je sors d’une épouvantable tuerie. Comment n’y ai-je pas laissé la vie, je ne sais ! … ».
L. Chadourne sera profondément et durablement traumatisé par cet évènement. Le professeur qui le soigne, fait état d’une psychonévrose émotionnelle très grave. Pendant de longs mois, il alterne des hospitalisations eCannes, Boulevard de la Croisette et Casino - 1912n psychiatrie, victime de neurasthénie aiguë, insomnies, cauchemars et des périodes d’accalmie.
Il mène alors une vie de plaisirs faciles sur la côte d’Azur, enchaînant différentes liaisons qu’il consigne dans son journal, et sort à Paris avec ses amis, notamment Léon-Paul Fargue, Saint-John Perse, Léon Werth qui essaient de le distraire. Il se remet aussi à écrire encouragé par Valery Larbaud.
En octobre 1916, il reçoit son affectation comme officier interprète d’allemand (il a séjourné plusieurs fois en Allemagne) et d’italien auprès du Ministre de la Guerre, mais reste en congés pour une durée indéterminée.
Son couple bat de l’aile. En effet, sa femme découvre ses liaisons en lisant ses carnets. Ils se séparent avant de divorcer en 1918. Louis est alors follement épris d’une autre femme plus âgée nommée Félia.
Il continue de faire paraitre de nombreux textes dans différentes revues dont un hommage à Apollinaire pour la mort de ce dernier en novembre 1918.
1919 le voit travailler à la revue « L’Europe nouvelle », ainsi qu’aux éditions « La Sirène ».
En août 1919, il répond à l’appel du large après sa rencontre avec Jean Galmot en Dordogne."Le Maitre du navire" : Déd. de L. Chadourne à V. Larbaud
Le député de la Guyane a apprécié la lecture de son roman d'aventures Le Maître du navire, paru en 1919 mettant en scène dans la Cordillère des Andes, quatre voyageurs manquant le bateau qui devait les conduire à Sydney et acceptant la proposition d'un marchand de cotonnades, qui propose de les mener à destination à bord de son yacht.
Le magnat de la presse, aventurier à la tête d’une fortune colossale et écrivain à ses heures, propose alors à L. Chadourne de l’accompagner dans les Caraïbes et en Amérique du Sud.
Louis saute sur l’occasion et s’embarque à bord du bateau nommé Pérou d’octobre 1919 à début janvier 1920. Il découvre Cayenne, Guadeloupe, Martinique, Sainte-Lucie, Fort-de-France…
Il en rapporte de nombreux poèmes et quelques inédits, ainsi qu’un journal de bord dans lequel il exprime son enthousiasme et sa curiosité : "Vivre c'est regarder, observer, sentir" écrit-il.
Certaines de ces pages serviront ultérieurement pour la rédaction de deux œuvres Terre de Chanaan (1921) et Le Pot au Noir (1922). Le journal sera publié bien des années plus tard par les Editions des Cendres en 2022 sous le titre West Indies : journal de bord octobre 1919 - janvier 1920.
De retour en France, il rêve de nouveaux voyages avec son frère mais la dépression le rattrape et Félia le quitte définitivement à sa demande. Les années suivantes voient son état d’apathie physique et intellectuelle empirer. Il échoue dans une maison de santé à Ivry où il décède le 21 mars 1925.
Article publié dans le cadre de l'exposition : Louis Chadourne & Valery Larbaud écrivains voyageurs - Médiathèque Valery Larbaud, Vichy du 19 août au 29 novembre 2025
Pour plus d'informations sur Louis Chadourne :
Maisons d'écrivain et Patrimoines Littéraires Nouvelle-Aquitaine
Chadourne, Louis. L'inquiete adolescence - Ed. des Cendres, 1995 - Notes bibliographiques
Chadourne, Louis. Le conquérant du dernier jour - Arbre vengeur, 2008
Chadourne, Louis. West Indies : journal de bord, octobre 1919-janvier 1920 - Ed. des Cendres, 2022
Une amitié : Valery Larbaud - Louis Chadourne. -In : Cahiers des Amis de Valery Larbaud, juin 1979
Mousli, Béatrice. Valery Larbaud - Flammarion, 1998
Louis Chadourne - Valery Larbaud : correspondance, 1912-1933