Des albums au coeur de la nature
Les animaux d'Antoine Guilloppé
Le soleil se couche. Les arbres s’assombrissent, le ruisseau poursuit sa route, les oiseaux dansent, les montagnes s’élèvent de part et d’autre. Pendant que certains rentrent chez eux, la forêt et le ruisseau s’animent. Des reflets argentés réveillent cette heure bleue. Bientôt une poussière d’or apparaît et avec elle une ourse majestueuse. Le temps d’une nuit, on assiste à la communion des animaux.

Ce magnifique album, Pleine nuit, écrit et illustré par Antoine Guilloppé, est le dernier en date d’une série publiée par les éditions Gautier-Languereau. On y trouve Plein soleil, Plein désert, Pleine mer, Pleine lune, Pleine brume, Pleine neige… : des albums poétiques, en grand format, pleins de dentelles, d’ombres et de lumières. La plupart utilisent la technique de découpe au laser initiée par l’auteur, ajoutant de la profondeur aux images.
Changement d’ambiance, mais pas de technique, avec Ma jungle, où l’on a la sensation de marcher au milieu des lianes, des serpents, des oiseaux, avec une alternance de couleur et de noir et blanc qui subliment la lecture.
Il faut dire que lorsque l’on ouvre un livre d’Antoine Guilloppé, c’est une atmosphère qui s’empare du lecteur, on se retrouve au cœur de l’histoire, plongé dans la nature profonde, au fond des forêts, des océans, des dunes désertiques, dans les gratte-ciels des villes. On entendrait presque le bruit des vagues ou les chants des oiseaux et les cris des animaux. Beaucoup d’histoires se déroulent la nuit ; le loup, la chouette, sont des personnages qui reviennent.
Le noir, la nuit, le loup : autant d’éléments, mais cette fois-ci accompagnés de fourmis, que l’on retrouve dans l’album cartonné, pour les tout-petits, Soleils noirs, aux éditions L’élan vert. Dans l’obscurité, la lune se détache ; sous terre, la fourmilière ne dort jamais.
Avec les animaux, le thème de la prédation est présent dans plusieurs albums. Ainsi, dans Prédateurs, un chat guette une souris, une chouette guette la même souris, qui en fera son repas ? Dans Grand blanc, un requin et une orque coursent un phoque dans le grand océan, parviendra-t-il à s’enfuir ? C’est aussi un Loup noir qui suit un jeune garçon sous la neige, il paraît menaçant mais n’est peut-être pas si méchant. Raconté uniquement grâce aux images, en noir et blanc ou bleu et blanc, sans texte, ces histoires n’en sont que plus prenantes, et la chute n’est pas toujours celle que l’on attend.
Et puis parfois, c’est la tendresse qui l’emporte. Ainsi dans L’heure du bisou, il n’est plus question de chasse et de rivalité entre les animaux, mais uniquement d’amour. Dans Les dents de ma maman, ces dents qui peuvent paraître si menaçantes aux autres sont aussi celles qui protègent, qui transportent, qui nourrissent, qui élèvent. Dans Le jour où je suis devenu un dinosaure, le suspense et la peur se mêlent à la tendresse d’une mère et de son petit.
Antoine Guilloppé est né en Savoie en 1971. Il écrit des albums jeunesse depuis 1998 et a développé les illustrations à la découpe au laser à partir de 2010. En plus de ces livres mettant en scène les animaux, il est aussi l’auteur de la série des Akiko, de L’homme qui marche, La frontière… Il a également collaboré avec d’autres auteurs : il a notamment illustré le très bel album L’ours et la lune, écrit avec Cécile Alix, inspiré de l’œuvre de François Pompon, ou encore Un jour, deux ours, une belle histoire d’amitié, écrit avec Ghislaine Roman.
Un auteur à découvrir ou redécouvrir en section jeunesse.
Marie





